CH1
Mentions légales
Ce livre est une œuvre de fiction. Toute ressemblance avec des personnages qui auraient réellement existé serait totalement impossible.
Le code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toutes représentations ou reproduction intégrale ou partielle faites par quelques procédés que ce soit, sans le consentement de l’auteur sont illicites et constituent une contrefaçon, aux termes des articles L.335-2 et suivants du code de la propriété intellectuelle.
Et il est protégé par SGDL.
Synopsis
Ne punis que les coupables
En début d’année 2013, Louna met un terme à sa carrière au sein de la police quand son équipier et ami d’enfance est tué en voulant la protéger lors d’une décente dans l’enfer des quartiers Nord de Marseille.
Séparée, mère de trois grands enfants, elle vit seule dans sa maison au milieu de la forêt des Barnouins, aux Pennes-Mirabeau, et mène une vie tranquille.
Quatre ans plus tard, lorsqu’on lui propose d’intégrer un groupe de femmes qui enquêtent sur divers homicides, sous le couvert de la police, et qu’elle accepte de diriger l’équipe, elle découvre qu’elle a un don de clairaudience mais aussi médiumnique.
Commencent alors de longues investigations terrifiantes, pleines de surprises et de rencontres.
Pour quelle raison l’assassin tue-t-il des hommes dans la quarantaine, et invariablement un vendredi ? Pourquoi une pièce estampillée d’un ange déchu, et numérotée, est-elle enfoncée dans la chair sanguinolente de ses victimes dépecées ? Dans quelle intention Louna reçoit-elle des objets chiffrés et paraphés ? Quelle est donc cette organisation qui sévit dans l’ombre ?
Un compte à rebours implacable débute pour Louna, mais viendra-t-elle à bout de tous ces crimes ? Une chose est sûre, l’amour bouleversera sa vie.
CH 1
Un matin, lors d’une descente dans l’enfer des quartiers Nord de Marseille, Maxime l’équipier et ami d’enfance de Louna, s’interpose entre elle et un dealer, pour lui sauver la vie.
Malheureusement, Maxime meurt d’une balle tirée en pleine tête et Louna finit aux urgences, avec quelques points de suture sur l’arcade sourcilière due à une chute en s’échappant.
Elle sombre alors dans une dépression qui l’amène à rester deux mois alitée, en tête-à-tête avec elle-même.
Elle arrête sa carrière au sein de la police à cinquante ans et s’isole dans sa maison au milieu de la forêt des Barnouins, située aux Pennes-Mirabeau, durant quatre ans.
Elle ne comprend pas l’importance de ce qu’elle a dans son existence. Et puis un jour, son corps lui crie STOP ! Quand en début d’année 2017, elle reçoit l’appel d’une femme, officière de police, qui travaille sous le couvert d’une organisation nommée Sinergia. Elle souhaite l’intégrer à sa team. Elle, lui propose de passer immédiatement chez elle pour en discuter.
Quand Christiane entre chez Louna, très vite, elles sympathisent. Après une longue conversation, cette dernière finit par accepter de les aider à résoudre leurs affaires sur divers homicides.
Le lendemain, Christiane planifie un apéro chez elle pour la présenter à l’équipe exclusivement constituée de trois filles. Ce moment est riche en convivialité et elles adorent Louna.
Vendredi 13 janvier 2017, 9 heures
Un homme qui promène son chien découvre un carton entrouvert. À l’intérieur, une main gauche est emprisonnée dans un linge maculé de sang. Il téléphone aussitôt à la police.
Les quatre filles et Bruno, le technicien de scène de crime arrivent place des 13 Coins, dans le quartier du Panier, à Marseille.
Christiane lui présente Louna, désormais c’est elle qui mènera les investigations.
— Bonjour. Purée, la personne qui est tombée sur le membre a dû baliser.
— Bonjour et bienvenue, Louna. Le mois dernier, c’était un bras droit estampillé d’un ange déchu et du chiffre 4. Aujourd’hui, c’est le chiffre 5. Je me demande pourquoi, il laisse une pièce numérotée. J’espère que nous n’allons pas bientôt découvrir les membres 1 et 2. Je vous tiens au courant des résultats de l’autopsie.
Ciao, ciao, répondent les filles en partant.
Quelques jours plus tard, l’équipe se retrouve dans la villa de Louna pour un débriefing, afin d’évaluer le profil de « l’Ange découpeur », surnom qu’elles lui ont donné.
Pauline, psychologue clinicienne, indocile, travaille en qualité de criminologue. Elle demande si Christiane a les résultats sur cet homicide.
Malheureusement, ça n’a rien donné, aucune empreinte digitale, pas le moindre cheveu ni poil, le meurtrier n’a laissé aucun indice matériel. Il a forcément prémédité cet assassinat.
Cette remarquable enquêtrice de terrain se voit obligée de s’accommoder de cette spécialiste aux méthodes étrangères à la doxa policière.
Malgré leurs différences, ce binôme improbable est doté d’une empathie profonde pour les victimes et d’une soif de justice inextinguible.
Evana les a rejointes. À cinquante-quatre ans, cette geekette mordue d’informatique n’hésite pas à défendre ses convictions au cœur du groupe en tant que lesbienne. Elle vit dans une petite maison à Marignane et passe son temps libre sur ses ordinateurs, à glaner la moindre information. Depuis quelques mois, Evana mène le parfait amour avec Cyprielle, agente d’entretien au commissariat.
Elle vient de découvrir son mode opératoire. De surcroît, il a élargi son terrain de jeu à l’étranger. Elle a dû demander à un ami de l’aider pour obtenir ces résultats.
Écoutez bien. Leur dit-elle.
— Le 9 septembre 2016, en Italie, à Santa Margherita Ligure, le buste d’Anaël Durin a été trouvé, dépecé, avec une dague ; il portait le chiffre 1. Le 14 octobre 2016, en Australie, à Caloundra, la jambe droite de Gérald Barret, dépecé avec une baïonnette. Lui, le 2. Et le 11 novembre 2016, en Pologne, à Dukla, le bras gauche d’Olivier Durois, dépecé au poignard. Le numéro 3. Ils n’ont jamais retrouvé le reste des cadavres. Tous étaient Français et ont été découverts avec leur carte d’identité, ainsi qu’une pièce similaire aux nôtres, plantée dans la chair. Ensuite, la quatrième victime, le 16 décembre 2016, place des Pistoles, au Panier : le bras droit de Jean Guerlais, dépecé à la hache, selon les dires de Bruno. Sans compter la main, où, contrairement aux quatre autres, il n’y avait pas de carte d’identité. Nous avons affaire à un multirécidiviste qui tue le vendredi, et toujours des hommes dans la quarantaine.
— Ce psychopathe a déjà exécuté cinq personnes. D’après l’autopsie que j’ai reçue hier, il y avait des traces de scopolamine, comme pour le bras droit, et la main a été tronçonnée, précise Christiane.
— Nous devons dénicher cet oiseau de malheur, avant qu’il ne fasse plus de morts. Il est tard, rentrez chez vous, nous avons eu une grosse journée. Bonne soirée.
Louna est déterminée. Le week-end est là, mais elle va continuer à creuser.
Tout le monde est parti, quand quelqu’un sonne. Elle s’approche de l’interphone et ouvre à son ami Jean-Marie. Ce beau gosse, de dix ans son cadet, n’est que de passage dans sa vie, une simple histoire de sexe entre deux personnes qui s’entendent bien.
Il arrive avec une bouteille de champagne rosé, sa boisson de prédilection, pour faire l’amour. Louna n’est pas d’un naturel romantique, elle est plutôt dominatrice et privilégie les relations sans prise de tête.
Elle le regarde intensément, il sourit beaucoup. Elle lui dévore les lèvres, le baiser est certainement l’un des moments les plus charnels de son mode de séduction. Avec des gestes précis, elle lui ôte ses vêtements, laisse glisser sa robe de soie rouge et détache ses cheveux blonds qui retombent en cascade sur ses reins.
Elle colle son corps au sien, commence à frotter ses seins contre son torse musclé et bronzé puis le plaque au sol. À califourchon sur lui, ils gémissent de plaisir, et, dans un dernier râle, il s’abandonne à elle, se rhabille et réintègre sa demeure.
Éreintée, elle se jette sur le lit, cale la pointe de l’oreiller dans son cou et s’endort.
Le jour se lève, caressant de ses rayons dorés la forêt. Le regard perdu sur les arbres, Louna boit un café au lait sur sa terrasse en pensant à l’enquête, s’interrogeant sur les corps qui n’ont jamais été retrouvés. Au vu des preuves qu’elle a réunies, le tueur a certainement dû séjourner dans chaque pays quelques semaines, le temps de repérer puis d’exécuter ses proies.
Fatiguée de trop cogiter, Louna file prendre une douche pour se requinquer, avant de se replonger dans ses dossiers. Elle est forcément passée à côté de quelque chose. En relisant les comptes rendus d’autopsie, elle se demande s’il ne s’agit pas de sacrifices humains. Cette enquête la rend folle !
Une musique douce, une fragrance nauséabonde, tout est angoissant dans cette demeure. Elle avance furtivement, traverse un long couloir et compte treize portes. Elle tente de les ouvrir, l’une après l’autre, mais n’y parvient pas. Quand la dernière s’entrebâille, son cœur bat la chamade, sa respiration s’accélère, elle se faufile et découvre un homme étendu sur une table, baignant dans son sang, la main gauche tranchée.
Elle est prise de nausées et s’écroule
Louna est allongée sur le sofa quand elle réalise qu’elle vient d’avoir un premier flash visuel spontané.
Elle se demande si elle doit en parler à son équipe ; de surcroît, c’est forcément en rapport avec les meurtres.
Il est à présent midi, l’air glacé se mêle à la bruine qui s’abat sur les derniers pins. Le feu du 10 août 2016 a quasiment dévasté la forêt. La maison de Louna a été épargnée, seuls une partie du jardin et les murs de clôture ont brûlé.
Louna enfile un jogging puis va courir dans le bois pour se vider la tête. Elle analyse sa vision. Cette maison la laisse supposer que le tueur y vit peut-être et que c’est dans ce lieu qu’il torture et assassine ces hommes.
En flânant à travers les arbres, Louna est tellement accaparée par ses pensées qu’elle heurte une femme qu’elle n’avait pas vue.
— Où foncez-vous comme ça ?
— J’habite près d’ici et j’aime me promener dans le bois et vous ?
— Je tiens un petit resto pas très loin, La Bonne Brise. J’y organise des soirées à thème, si ça vous dit de venir y dîner.
— J’en ai entendu parler, je vous téléphone rapidement pour une réservation, je viendrai avec des amies.
— À bientôt, alors.
Elles reprennent leur chemin chacune de leur côté pour rentrer chez elles.
À peine arrivée, Louna se prépare un sandwich et visionne une série policière, affalée dans son canapé, quand elle reçoit un appel d’Evana qui lui annonce que les cinq individus avaient un point en commun : enfants, ils habitaient tous le même quartier du Panier et fréquentaient le lycée du coin.
Elle ne sait pas si ces jeunes gens étaient amis, mais c’est un indice de plus à ajouter à leur affaire.
Ensevelie sous sa couette, elle est prête pour Morphée qui lui tend les bras.
La sonnerie du réveil fait sursauter Louna. Elle s’étire dans une bouffée de plaisir en pensant à la liberté d’être seule bien au chaud dans son lit. Il est vraiment l’heure de se lever, même si elle aurait bien flemmardé encore un peu. Elle s’habille à contrecœur, file acheter des brioches et se rend chez Christiane.
— Bonjour, les filles. J’espère que votre week-end a été aussi torride que le mien.
— Arrête, Louna, on n’a pas toute une libido active comme la tienne, marmonne Pauline.
Elle sourit, l’air amusé, en posant les viennoiseries sur la table.
— Revenons à nos meurtres. Je suis convaincue qu’ils sont liés à un terrible secret que ces mecs devaient avoir en commun.
— Quel secret ? s’enquiert Evana.
— À toi de le trouver, répond Louna. Tu vas devoir fouiller dans leurs vies. Franchement, il devient important de découvrir ce qu’ils cachaient.
Et de fil en aiguille, elles en viennent à l’inévitable question.
— Quand vas-tu nous présenter Jean-Marie ? lance Christiane.
— Pour le moment, Jean-Marie et moi, c’est une relation purement sexuelle, je suis bien dans ma peau de femme libre. Je vous laisse, je dois passer voir ma famille, à plus.
— Bonne journée, répondent les filles.
En arrivant chez ses parents, elle discute de longues minutes avec eux. Louna oublie tout et ne leur parle jamais de son boulot. Elle ne les a pas vraiment informés de ce qu’elle fait. Elle se sent choyée et ça lui fait un bien fou.
Sa mère a divorcé quand elle avait onze ans et s’est remariée avec Charly. Un épisode douloureux, parce qu’elle adorait son père, mais Louna a grandi avec son alcoolisme, qui l’a emporté il y a six ans.
Elle rentre, triste de les voir vieillir tous les deux. À cet instant, elle souhaiterait arrêter le temps.
C’est une belle matinée qui commence quand, tout à coup, un frisson d’excitation la parcourt. Louna a organisé une soirée à La Bonne Brise.
Après des jours à discuter de l’affaire de l’Ange découpeur, les filles vont enfin s’amuser. Le thème est la voyance. Bien qu’elle n’y croie pas réellement, elle y va pour se divertir.
21 heures. Dans une ambiance chaleureuse, Susie les installe près de la cheminée. Le feu crépite dans l’âtre, une odeur de chêne parfume la pièce raffinée et accueillante qui laisse présager à ses hôtes la cuisine créative élaborée par ses deux chefs, Marie-Rose et Christophe.
Pauline et Christiane s’apprécient un peu plus chaque jour, la tension entre elles a disparu. Depuis qu’elles sont arrivées, elles n’arrêtent pas de rire aux blagues que leur raconte la patronne.
Susie, ce petit bout de femme de plus de soixante ans, aussi drôle que sympathique, gère son établissement avec adresse depuis des années.
Eden, la voyante, fait son entrée dans la salle. Elle aborde un client et lui glisse un mot à l’oreille. Il dévisage alors Louna, puis elle fait volte-face et se dirige vers elle.
— Bonsoir, Louna. Ces manifestations médiumniques t’ont été accordées pour une raison. Le temps t’est compté, tu dois faire vite avant que d’autres meurtres ne s’ajoutent à une longue liste.
Elle tourne les talons puis continue son numéro. Interloquée, Louna se fige, inquiète à ces mots, mais cette voyante de malheur ne va pas lui saboter son dîner. C’est alors qu’une musique transperce le calme.
La soirée bat son plein, et, après quelques piscines de champagne, les quatre filles enflamment la piste de danse. C’est épuisées qu’elles rentrent chez elles, très tard dans la nuit.